L'Handinaute voyage... en Festivals 2000 !
Le tourisme est-il soluble dans l'accessibilité ?...

FESTIVALS 2000 :
COMPTES-RENDUS EN FAUTEUIL...


De la toujours snob et collet- montée Aix- en- Provence à la populaire Orange en passant par les images arlésiennes et les théâtres avignonais, nous avons parcouru pour vous la Provence à la recherche de quelques moments de plaisirs estivaux accessibles aux personnes handicapées. Bilan mitigé...


Le festival d'Aix avait décidé d'occuper à nouveau le théâtre municipal, refait à neuf et baptisé "du jeu de paume". La salle est désormais accessible aux personnes en fauteuil roulant : accès au hall de plain- pied et à l'orchestre par un corridor côté gauche. Les places fauteuil sont au niveau des strapontins du fond de la salle, la visibilité en hauteur est réduite par le rebord du premier balcon. On y présentait un opéra attribué à Claudio Monteverdi, "le retour d'Ulysse dans sa patrie", dans une production de luxe réunissant les Arts Florissants et leur chef, William Christie. Ils ont su donner de la vigueur à une partition qui s'étire et nous n'avons pas vu le temps passer. Beauté et intelligence étaient au rendez- vous dans une mise en scène onirique d'Adrian Noble : rendez- vous est pris pour la reprise prévue en 2001 à l'Archevêché.

Aux Chorégies d'Orange, on voulait conjurer le mauvais sort : la précédente production (en 1993) de la Tosca de Giacomo Puccini n'avait pas dépassé le final du premier acte, toute l'eau du ciel ayant répondu au tonnerre de l'orchestre ! Rien de tel cette année. La seconde représentation nous a épargné le Mistral et ce fût une grande Tosca que nous vîmes et entendîmes, avec quelques tableaux dramatiquement très réussis, tel... le final de l'acte 1 ! Mais il faut hélas mettre un bémol à notre enthousiasme : en bas des gradins on entendait parfaitement voix et orchestre mais ce n'était pas le cas après le quinzième rang. Il semble que l'immense décor en bois qui barrait toute la largeur du théâtre antique ait absorbé la voix des chanteurs : par ses sifflets et ses huées, le public des hauteurs - deuxième et troisième séries - s'est rappelé au souvenir du metteur en scène, Jean- Claude Auvray et de son décorateur Jean- Paul Chambas. La soprano Nelly Miricioiu (Tosca) et le ténor Vladimir Galouzine quittèrent la scène au rappel, privant Alain Fondary de l'ovation qu'aurait mérité son Scarpia machiavélique à plaisir. Dommage !

Image :  Floria Tosca (Nelly Miricioiu) et Mario Cavaradossi (Vladimir Galouzine) lors d'un duo de l'acte 1. Photo : Grand'angle Philippe Gromelle, Orange.


Les Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles ont distillé ennui et déception. Sous le thème de la "photographie traversée" - notamment par les arts graphiques et plastiques - on nous a asséné des "démonstrations" : photos floues, effets de reflets, collages, vidéos... l'ensemble respirant la vacuité. Seuls les cadavres camarguais des années 50 signés Lucien Clergue (Commanderie Sainte- Luce), quelques grands formats de japonais divers (Montmajour) et des images saisies au vol auront sauvé les expositions du naufrage. Lequel fut total lors de la soirée "On Air" qui se voulait une ouverture vers les techniques de l'image numérique et les nouveaux créateurs graphiques utilisant exclusivement l'ordinateur. Déferlements sur grand écran de couleurs violentes, scintillement d'images à brûler les yeux, film très "flou de bougé" des vacances thaïlandaises du directeur artistique de la soirée, Valéry Grancher, passages de piétons et d'autobus à Yokohama filmés à la manière des caméras de surveillance, lourdissime effet de gouttes d'eau dans la cuvette vidéo d'Evelyne Koeppel, le tout sur une musique techno réalisée par des DJ de Radio Mentale, qui officient ordinairement sur FG. Le public a globalement détesté : huées, cris, sifflets, départs massifs y compris de représentants d'un partenaire commercial des Rencontres. N'écoutant que sa haute conception de l'expression démocratique, le Directeur Artistique fit pousser le volume sonore à fond, transformant nos tympans en marteaux- pilons. Nous eûmes alors le plaisir jouissif de voir les "huiles" - Lucien Clergue, Jean- Maurice Rouquette, Willy Ronis, Agnès Lévy (ci- devant de Gouvion Saint- Cyr) - se boucher les oreilles à pleines mains. Le tiers des spectateurs qui résista jusqu'à la fin du bombardement reçut en prime les bras d'honneur et les doigts levés du dérisoire Valéry Grancher. On peut regretter que personne ne soit allé souffleter l'insolent. Ainsi (s'en) vont les RIP, Requiescant In Pace...

Lire ici le compte- rendu d'Avignon Off 2000...

 [ Email ]  [ Vers le sommaire ]  [ Vers les archives ]  [ English translation ]
[ Fin de page ]